LA LIBERTE
I. En économie
politique
C'est dans le domaine économique
qu'on doit rechercher la position clef de la LIBERTE. L'économie
politique dirigée est dictature, parfois, malgré elle. Il
n'est aucun programme national de production qui ne conduise automatiquement
à diriger également la consommation. Car la fabrication
vise lé consommateur de sorte qu'en réglementant la production,
il faut bien aussi réglementer les besoins à satisfaire.
D'ailleurs, l'économie politique libre n'aura rien de désordonné,
pourvu que l'approvisionnement monétaire soit réglé
convenablement et qu'aucune restriction ne rende illusoire la liberté
d'établissement, de commerce et d'industrie.
Si l'on en vient à
prier l'Etat de diriger la production, c'est qu'on est fort mal éclairé
sur le rôle qu'e joue i'argent dans le processus économique.
Dans l'économie politique
moderne, consommer c'est pouvoir acheter une marchandise et la payer.
Or, celui qui achète un produit apporte par ce geste sa contribution
personnelle au programme de production. Il devient ainsi, en quelque sorte,
électeur en matière économique et son argent agit
comme un bulletin de «vote». Une vente chez le détaillant
conduit au renouvellement d'un ordre chez le grossiste, qui' à
sort tour, se réapprovisionne chez le fabricant. II s'agit de reconnaître
et d'appliquer cette loi' de l'offre et de la demande, qui donne au marché
son équilibre et à l'économie politique libre sa
direction. Si la quantité d'argent émise pour les besoins
à satisfaire est constamment adaptée à la production
globale des marchandises, les leviers de la production seront littéralement
placées entre les mains des consommateurs eux mêmes. Ces
leviers fonctionneront sans aucune intervention de l'Etat, à condition
que l'approvisionnement monétaire soit correctement dosé
et qu'on ne puisse pas délibérément empêcher
le bulletin de vote «argent» de jouer le rôle de moyen
d'échange. Cette condition est la seule capable de rétablir
une juste répartition du revenu national.
L'argent est la condition de
la division du travail et son régulateur; aucune mesure d'Etat
ne parviendra jamais à alimenter le marché jusque dans les
derniers recoins comme le fait l'argent.
Il convient de préciser,
en face des tendances étatistes préconisées par le
socialisme courant et le capitalisme dirigé, que la réforme
monétaire proposée par nous est inconcevable sans la liberté
absolue du marché. Cette réforme est la seule qui permette
la conservation des principes libéraux dans l'économie politique.
Cependant, suivant un développement logique, elle va au delà
du simple libéralisme pour résoudre également le
problème de l'exploitation de l'individu en termes positifs, celui
de la juste répartition des revenus - et cela en excluant de la
vie économique toute entrave monopolisatrice.
Aussitôt que la libre
concurrence n'est plus gênée par des monopoles privés;
elle se développe et devient productive. La «plus value»
revient ainsi peu à peu aux salaires qui augmentent d'autant, puisque
d'autre part, elle ne peut plus faire augmenter les prix en raison de
la politique de stabilisation. Et l'esprit d'entreprise est porté,
librement, vers des sommets jamais atteints. La «libre concurrence»
bâtarde, telle que nous la connaissons aujourd'hui, enfante des
monopoles formés de capitaux concentrés. Elle se détruit
donc elle même. Là libre concurrence vraie, par contre, telle
qu'elle devrait fonctionner comme régulateur de l'économie
privée, ne peut engendrer de monopoles: les réformes économiques,
résumes de façon concrète dans nos revendications,
rendent impossible toute formation de monopoles privés et, quant
aux monopoles indestructibles créés par la suprématie
de la Nature, ils sont à placer sous contrôle public. Ainsi
se précise la limite qui sépare l'économie privée
des compétences de l'Etat tout en démontrant; à la
confusion des «dirigistes» qu'avec moins d'ingérence
étatiste, l'économie de demain fera plus de chemin que n'en
fait actuellement l'économie socialiste pure. Ajoutons, pour ceux
qui craindraient que la libre concurrence ne déchaînât
une lutte brutale, que celle-ci fait automatiquement place à une
concurrence normale et paisible dès que la bonne conjoncture prend
.un caractère durable. Nous pensons au simple fait que les salariés
pourront alors donner leur congé à un employeur peu scrupuleux
ce qui est pratiquement impossible en temps d'incertitude économique
propre au régime capitaliste et dans laquelle le capitaliste puise
précisément sa force.
C'est la raison pour laquelle
le socialiste libéral est convaincu de la nécessité
du libre marché économique, et défend énergiquement
la thèse du BIEN-ETRE DANS LA LIBERTE. Pour la même raison,
les «articles économiques» suggérés plus
haut au chapitre «SECURITE ET BIEN-ETRE» placent, au premier
rang, la liberté dit commence et de l'industrie.
Il. En politique
intérieure
Dans notre pays, la démocratie
politique est, à notre avis, saine et viable, il serait possible
toutefois de compléter certaines institutions dans le sens d'un
élargissement des libertés.
C'est ainsi qu'il faut reconnaître
qu'une communauté éprise de progrès ne peut se passer
de la collaboration spontanée de l'homme et de la femme. Cette
collaboration suppose la possibilité d'exercer les mêmes
droits et obligations eu politique également. Il est donc injuste
que le droit de suffrage soit refusé à telle femme qui le
demande. Les difficultés de principe et d'application qui s'opposent
à l'introduction de ce droit dans notre pays car ce seraient les
hommes qui voteraient le droit de vote des femmes ne devraient empêcher
la réalisation d'une revendication pleinement justifiée.
Nos propositions touchant l'extension et la sauvegarde de nos libertés
politiques devront donc débuter par la révision de l'article
43 de la Constitution.
D'autre part, on a pu constater
depuis quelques années, que le temps qui s'écoule, depuis
la manifestation claire et nette d'une volonté jusqu'à la
réalisation de cette volonté par des mesures gouvernementales
appropriées, est trop long. On observe également à
juste titre, la nécessité de faire appel à des forces
jeunes et nouvelles pour conduire les destinées politiques de noir
pays.
L'inertie de notre appareil
administratif et de ses fonctionnaires rend les controverses inutilement
âpres. Si le vote dé méfiance pratiqué par
d'autres nations et qui permet un changement rapide du gouvernement en
cas de majoration - ne convient pas chez nous, il est certainement possible;
par contre, de faciliter la collaboration entre le peuple et ses élus.
De même faut il, trouver un remède aux situations fâcheuses
qui se répètent depuis des dizaines d'années à
chaque élection au Conseil fédéral, du fait que la
Constitution favorise d'une manière exagérée les
revendications des Cantons, ce qui oblige de nommer des candidats de deuxième
et de troisième ordre, plutôt que de faire appel aux candidats
les mieux qualifiés.
Il faut également mettre
un terme à la manière trop évidente avec laquelle
on traîne en longueur les initiatives populaires ou avec laquelle
on les évite. Nous devons en outre introduire en Suisse l'initiative
législative, afin qu'on ne soit pas constamment obligé d'incorporer
à notre constitution des revendications qui ressortissent davantage
à notre législation.
De ces réflexions résultent les propositions concrètes
suivantes:
(Complément
à l'art. 43)
Toute citoyenne' âgée de 20 ans révolus a
le droit de se faire inscrire au registre des électeurs de sa commune
de résidence et de participer aux votations et élections
aux mêmes conditions que tout citoyen.
Nous donnons la préférence
à ce procédé et à cette teneur parce que l'octroi
du droit de vote y fait l'objet d'une demande. Naturellement, seules les
femmes qui trouveront un réel intérêt à la
cause publique en feront la demande et prouveront par là qu'elles
en sont tout aussi dignes que les citoyens du sexe fort. La communauté
aurait tort le leur refuser. Ainsi rédigé, ce texte de loi
indique clairement qu'il ne s'agit pas d'une obligation mais, bien au
contraire d'un droit exercé librement.
Les autres révisions
nécessaires ressortent clairement des propositions suivantes que
le lecteur fera bien de comparer au texte actuel de la Constitution.
(Voir l'art. 96)
Les membres du Conseil fédéral sont nommés
pour cinq ans par les Chambres fédérales réunies,
et choisis parmi les citoyens suisses éligibles au Conseil national.
On ne pourra toutefois choisir plus de deux membres du Conseil fédéral
dans le même canton.
A l'extinction de son mandat, tel Conseiller fédéral désireux
de rester en fonction doit soumettre sa réélection à
la votation populaire.
Les membres qui font vacance dans l'intervalle des cinq ans sont remplacés
à la première session de l'Assemblée fédérale
pour le reste de la durée de leurs fonctions.
100.000 électeurs peuvent, en tout temps, demander que le Conseil
fédéral soit remplacé entièrement ou partiellement.
La votation populaire devra s'effectuer dans les deux mois. En cas d'acceptation,
l'élection des nouveaux conseillers aura lieu au plus tard dans
les trois mois qui suivent.
(Voir l'art. 89)
Les lois fédérales et les arrêtés fédéraux
ne peuvent être rendus qu'avec l'accord des deux Conseils.
Les lois fédérales et les arrêtés, fédéraux
de portée générale doivent être soumis à
l'adoption ou au rejet du peuple lorsque la demande en est faite par 30'000
citoyens et citoyennes actifs ou par huit cantons. La votation a lieu
dans les six mois au plus tard.
Les traités ou conventions passés avec l'étranger
sont à soumettre à la votation populaire si leur durée
dépasse dix ans ou si leur portée est extraordinaire. Tous
les autres traités sont à soumettre au peuple si 30'000
citoyens et citoyennes actifs ou 8 cantons l'exigent.
50'000 citoyens et citoyennes actifs ont, en tout temps, le droit de proposer
des lois et des arrêtés fédéraux. La procédure
est la même que pour l'initiative constitutionnelle.
Adopté au Congres romand extraordinaire du PLSS, du 29 mars 1949
|